Je ne sais pas pourquoi j'imaginais que M. T. ne viendrait pas à son rendez-vous ; je m’étais trompée ! Il est là et bien à l’heure.
Ma question rituelle, « De quoi avez-vous besoin ? », entraîne de sa part un déferlement de mots dont je ne comprends qu’un par-ci par-là, dont « 100 % ».
Ah, il doit être question de prise en charge de sécurité sociale.
« Votre médecin a demandé une prise en charge à 100 % à la sécurité sociale ? »
Il se penche vers moi avec un air interrogatif.
« La sécurité sociale a refusé votre prise en charge ? »
Même air d’incompréhension.
« La sécurité sociale a dit non ? »
Il ne comprend pas plus et reprend ses explications en brandissant une ordonnance… « Moi fiou, malade. Alors pourquoi ? »
Je saisis juste qu’une dame (geste montrant qu’elle n’était pas loin) l’aidait, mais qu’elle est partie.
Eh bé, on n’est pas rendu !
Il pousse vers moi une chemise cartonnée à son nom. Dedans sont soigneusement classés des documents le concernant : impôts, CAF, retraite et… un dossier de CMUC.
Eurêka, ça doit être ça !
Le dossier est rempli, sauf le montant de ses pensions de retraite. Je feuillette le dossier et ne trouve aucun justificatif pour la période.
Après un instant d’hésitation, je prends l’initiative d’écrire aux caisses de retraite pour demander des attestations de versement. Je lui explique que, une fois qu’il aura reçu les trois, il devra revenir avec le même dossier, où j’ai rangé les doubles des lettres.
Il part en me remerciant plusieurs fois. Je vois qu’il a compris car il repasse plus tard dans la matinée avec des enveloppes sur lesquelles j’écris les adresses.