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Sans me laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit, il se lève d’un bond en s’indignant de mon ignorance.
Je suis abasourdie. Puis, considérant que, s’il est debout, c’est qu’il veut partir, je ramasse ses documents, les lui tends et lui dis : « Au revoir, monsieur. »
Qu’ai-je encore dit là !?
Il se met à hurler que je n’ai pas à l’agresser et à lui parler sur ce ton, que c’est une honte de ne pas être capable de l’aider, moi qui suis française, qui connais l’administration, et lui qui est étranger et a besoin de conseils.
Tout ce que je peux dire pour argumenter ne sert à rien. J’ouvre très vite la porte – je m’aperçois alors avec plaisir et soulagement que mes voisins de bureau sont sortis eux aussi et attentifs – et le canalise vers le hall. Il continue de vociférer et demande à qui il peut se plaindre. Je lui indique le nom de la directrice du CCAS qui chapeaute les permanences, mais il ne la connaît pas, donc me soupçonne de lui dire n’importe quoi (« C’est peut-être la femme de ménage. »)
A l’accueil, qu’il a fini par rejoindre, il demande à rencontrer le responsable du centre : ça tombe mal, la directrice est absente ce jour-là. Il nous accuse alors d’être de mèche pour le contrarier. Et continue de se plaindre.
Je m’assois soudain devant lui, tentant par là de lui montrer ma lassitude de cette situation idiote. Peine perdue, il ne se calme pas. Au bout d’un moment, je lui dis que nous n’arriverons pas à nous entendre et je retourne dans mon bureau. Il finit par partir.
Quelque temps plus tard, alors que je reçois une autre personne, l’agent d’accueil m’interrompt : « Tu le crois ? Il est au CCAS. Avant de le recevoir, Mme C. veut avoir ta version des faits. »
J’ai tout raconté à Mme C., qui en a sûrement vu d’autres, mais la préviens : il me semble qu’il peut devenir violent.
Je n’ai pas eu d’autres nouvelles, je ne sais pas comment elle s’en est sortie. La directrice du centre social n’en a même pas été informée.
Espérons que c’est parce qu’il n’y avait plus rien à dire !