M. D. se plaint d’une assurance décès qu’il a souscrite et qui a refusé de prendre en charge les frais de rapatriement et d’obsèques de sa fille en 2011.
Houlà ! De l’assurance, c’est souvent un problème juridique. Je lui réclame le contrat : il n’en a pas.
« Vous ne l’avez pas sur vous ou vous n’en avez pas du tout ?
— Il n’y a pas de contrat. »
À mon exclamation stupéfaite, il s’empresse de m’expliquer son cas. Je découvre alors une facette de l’existence de ces personnes d’origine étrangère qui ont transposé en France leur mode de vie originel.
M. D. est d’origine malienne. Sa communauté est constituée comme un village, avec un chef et les coutumes du pays. Ainsi, un système de solidarité existe : le membre de la communauté verse une cotisation volontaire et tous ceux qui ont cotisé ont droit à une aide en cas de coup dur.
M. D. a versé 300 € en 2010. Hélas, sa fille est décédée accidentellement en 2011. Il a alors demandé une aide financière pour l’enterrer au Mali. Cette aide lui a été refusée, alors que d’autres ont pu en bénéficier ; c’est « à la tête », me dit-il.
Depuis, il a demandé des explications, qu’il n’a pas obtenues, sans trop insister pour ne pas causer de problèmes dans la communauté. Mais à présent, il décide de les demander par écrit. Le courrier s’adresse au chef de village et au trésorier.
La situation est compliquée, car M. D. a versé son obole à une tierce personne, selon les directives du trésorier, et son versement a été enregistré dans « le cahier » avec une fausse date, ultérieure à l’accident.
Je rédige le courrier, en l’avertissant que, dans ce cas, sans contrat, sans reçu, il ne pourra pas demander réparation devant les tribunaux. Il le sait, mais veut tirer cette affaire au clair « entre eux ».