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Mme G. est accompagnée de sa cousine. À toutes les deux, elles me racontent une histoire invraisemblable pour notre époque.
Il y a quelques années, une autre cousine était venue chez elle avec une femme qu’elle ne connaissait pas auparavant et qui venait d’accoucher. Elle était avec son nouveau-né de deux semaines. Sans plus de formalités, la mère est partie en lui laissant le petit et n’est pas revenue.
Mme G., inquiète de l’état du bébé, le conduit tout de suite chez le médecin et le fait soigner. Elle ne se pose pas plus de questions et s’organise pour vivre avec un nourrisson. Le père lui a confié sa carte Vitale pour qu’elle puisse le faire soigner sans problème.
L’enfant voit de temps en temps sa mère, qui s’en soucie peu, préférant vraisemblablement son fils aîné.
Puis, vers l’âge de trois ou quatre ans, l’enfant est « repris » par ses parents. Mme G. le voit le week-end et pendant les vacances ; c’est un arrangement à l’amiable entre eux.
Vers l’âge de huit ans, le garçonnet appelle Mme G., lui apprend qu’il est maltraité par son frère aîné. Ni une ni deux, Mme G. et sa cousine vont le chercher et le ramènent chez elle, sans opposition des parents. Le jeune garçon reprend sa vie chez Mme G. jusqu’à il y a deux jours.
Le lundi précédent, la mère est allée chercher l’enfant bien avant la fin de la journée de classe, sous un prétexte quelconque, et l’a ramené chez elle. Depuis, Mme G. n’a plus de nouvelles et est très inquiète : l’enfant lui a affirmé qu’il se jettera par la fenêtre s’il retourne chez ses parents.
Elle me demande d’écrire au juge des enfants pour récupérer le garçon.
Je suis effarée ! Personne, depuis tout ce temps, ne s’est aperçu que cette situation était très bancale. Elle-même n’a jamais envisagé qu’il n’était pas normal de s’occuper d’un enfant qui n’était pas le sien.
Je remets les choses au point : malgré leur attachement et leur affection pour l’enfant, Mme G. et sa cousine n’ont aucun droit sur lui. Elles ne peuvent donc rien revendiquer.
Elles sont scandalisées : « Ah non, on va pas le laisser. On sait pas comment il va être traité, on a peur pour lui. »
Dans ce cas, il faut alerter le juge de leur inquiétude, et ça, elles en ont le droit et même le devoir.
C’est le sens de la lettre que j’écris pour elles.