Reprise des permanences ce lundi après quelques jours de congé (bien mérités, je l’avoue). Sophie m’avait priée de ne pas tarder à reprendre car sa permanence à elle était surchargée du fait de mon absence. Et en arrivant, de ma voiture, j’étais déjà avertie : plus de douze personnes m’attendaient. Évidemment, je ne les ai pas toutes reçues.
Avant-dernière personne : un grand costaud, qu’il me semble avoir déjà vu, qui m’apostrophe en entrant dans le bureau : « C’est long d’attendre ! »
Je ne réponds pas.
Il s’installe et me raconte ce qu’il attend de moi… ou plutôt, ce que sa (future) femme lui a demandé de me demander. Il va se marier en République centrafricaine et il doit déposer un courrier à la préfecture, ou à l’ambassade de Centrafrique à Paris, ou il ne sait pas où, pour préparer son mariage.
J’essaie de comprendre quel est le but de ce courrier, je n’arrive qu’à l’exaspérer. Il se prend la tête dans les mains et reprend les mêmes explications : il doit exposer sa situation professionnelle – il travaille en intérim dans les travaux publics –, expliquer qu’il est domicilié dans une association mais vit chez sa tante qui le soutient dans ses démarches et qu’il a déposé une demande de logement.
« Moi, chuis pas un intellectuel, je sais pas faire ça… J’avais un gros problème avec l’Assedic et, à cause de vous (houlà, qu’est-ce que j’ai fait ?) ou de quelqu’un que j’avais vu à A. ou à M., je sais plus… Ça a mis six mois pour se régler mais le courrier qu’on m’a fait a tout débloqué (aaah, j’aime mieux ça !).
- Monsieur, je vais vous faire le courrier, mais j’ai besoin de savoir à quoi il va servir pour l’écrire au mieux… »
Bon, n’insistons pas… Il veut un courrier pour la préfecture, je vais le rédiger. Mais pendant que je tape, je lui pose des questions sur les formalités qu’il va accomplir ; je m’aperçois qu’il va se marier à la mairie de Bangui, sans autre démarche. Je lui conseille alors de consulter le juriste pour voir tout ce qu’il faut faire avant pour que son mariage soit reconnu rapidement en France et que la venue de son épouse soit facilitée.
Et pendant que nous parlons, il me regarde, bien sûr… Et la mémoire lui revient :
« Mais c’est vous que j’ai vue l’autre fois, je me souviens maintenant… Mais vous étiez mieux coiffée ! »
Ah bon ? (Je me regarde furtivement sur les vitres de la cloison.) Merci monsieur !
C’est sûr, lui, avec son crâne d’œuf, il ne doit pas avoir de problème de coiffage !
J., à l’accueil, a bien ri quand je le lui ai raconté.
« Allez, au revoir, J., je cours chez le coiffeur ! ».