M. J. prend un air ennuyé en formulant sa demande.
Il veut dénoncer au procureur de la République une femme du quartier qui gère un réseau d’aide à domicile en employant des personnes sans papier. Il est scandalisé qu’on profite ainsi des « vieux » qui risquent de se faire dépouiller par ce personnel sans scrupule.
Cette femme organise aussi des mariages blancs pour faire venir en France des compatriotes du bled.
C’est la police qui lui a conseillé de faire cette dénonciation et surtout, bien recommandé de ne pas donner son nom, car il risquait d’être très embêté par les suites de l’enquête.
Il voudrait que j’écrive ce courrier pour lui.
Pff !
C’est vrai que de tels trafics ne peuvent que me révolter, a priori.
Mais j’ai aussi une sainte horreur des lettres anonymes. Et le mot « dénoncer » me fait frémir.
« Non, monsieur, je n’écris pas de lettre de dénonciation. Je ne peux pas et c’est contraire aux règles de mon métier. Je comprends votre indignation, mais cela m’est impossible.
— Alors je vais le faire moi-même. »