Depuis plus de quatre ans et demi, j’assure quatre demi-journées de permanences par semaine dans une grande commune de
l'Essonne et depuis quelques mois, je travaille de la même façon pour le CCAS d'une ville importante de Seine-et-Marne.
La population que je rencontre est d’origine étrangère pour 95 % des cas. Elle ressent un besoin quasi vital d’accéder à l’écrit, que ce soit pour communiquer ou pour comprendre.
Les 5 % restants comptent des personnes qui, bien que sachant lire et écrire, sont bien heureuses de m’avoir trouvée pour se débarrasser de leur corvée d’écriture, souvent parce qu’elles ont conscience de leurs lacunes, parfois pour suppléer une déficience physique… J’en soupçonne certaines de chercher aussi un peu de compagnie !
Je remplis des dossiers administratifs : CMU, CAF, retraite, déclaration de handicap, aide juridictionnelle, naturalisation, titre de séjour… ; je rédige des courriers de toutes
sortes : recours, requêtes, résiliations, litiges… ; plus rarement, des courriers privés pour la famille, les amis ou les « petites » amies… ; et, bien sûr, tout ce
qui concerne la recherche d’emploi : CV et lettres de motivation, dossier Pôle Emploi...
Je peux représenter la dernière solution, mais aussi le conseil pour agir, ou non, le tuyau pour trouver une aide ailleurs… quelquefois, tout simplement, l’oreille attentive qui écoute
patiemment. J’essaie dans ce cas de rester professionnelle, mais parfois, je ne peux m’empêcher de dire ma façon de penser ; ces personnes l’acceptent, car elles m’ont apporté leur confiance
et s’y attendent donc.
J’ai vu des femmes pleurer, à cause de leur fils, jeune adulte insupportable, ou de leur mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer ; j’ai entendu des hommes me parler de leur mal du pays
natal ou de leurs peines de cœur… J’écris pour eux mais je crois être aussi un repère dans cette société où ils vivent, à laquelle ils ont parfois du mal à s’adapter.
Je ressors de ces permanences souvent épuisée, mais tellement réconfortée quant à mon utilité sociale !