L’homme que je reçois m’indique un endroit connu, dans un quartier de la ville, comme son lieu d’habitation. Puis, il explique son besoin.
Explique… ce serait trop beau ! En fait, je ne comprends rien ou pas grand-chose. Et, en même temps, je constate sur les papiers qu’il me donne qu’il est domicilié dans la ville voisine.
Qu’est-ce que je fais ? Je le « rembarre » en prenant cette adresse pour prétexte ? Ou bien j’évite l’affrontement en considérant qu’il n’a qu’une domiciliation postale et qu’il est vraiment hébergé dans cette ville ?
J’opte pour cette seconde solution. Que je regrette au fur et à mesure que j’essaie de comprendre ce qu’il veut. Il a sollicité un rendez-vous avec procureur de la République pour signaler des problèmes dans un commissariat. Le procureur ne reçoit pas et demande un courrier explicatif.
Mes questions commencent :
« Quand êtes-vous allé au commissariat et pourquoi ?
— 2010, sdkjfqk médicaments.
Je fais répéter : même réponse.
— Vous êtes allé au commissariat pour des médicaments ?
— Oui.
— Vous avez été convoqué ou vous y êtes allé tout seul ?
— Moi tout seul. »
Je continue à lire ses documents : en 2010, il a déposé une plainte pour viol ; dans ses déclarations, il ne sait pas vraiment s’il a été violé, mais il en a l’impression. Il a aussi eu une histoire avec un travesti… Beuh… pas clair tout ça !
Bon, cela ne me concerne pas.
Pour l’instant, j’en suis ici :
« Je ne comprends pas ce que vous dites, monsieur. Quelle est votre langue maternelle ?
— Spzesidg (Ben, chuis pas plus avancée !)
— Il faudrait que vous veniez avec quelqu’un qui parle cette langue et le français pour faire la traduction. »
Il m’apprend qu’il a déjà pris un traducteur un jour, mais que… On dirait que ça s’est mal passé...
« Vous ne connaissez personne ? Dans vos amis ? »
Peut-être que oui, peut-être que non ! Il semble avoir compris ma demande, ramasse ses affaires et s’en va.
Je m’en suis sortie pour cette fois. Reviendra-t-il ? Accompagné ?