Mme N. est un joli petit bout de femme : vive dans ses paroles comme dans ses gestes, elle sait exactement ce qu’elle veut.
Venue la première fois pour divers courriers administratifs, elle m’apprend qu’elle est en train de changer de travail. Cuisinière dans la gendarmerie nationale, elle demande une reconversion comme chauffeur de bus. J’ai du mal à l’imaginer au volant d’un gros bahut, mais elle a réussi et cherche maintenant du travail dans ce domaine.
(Enfin… pour l’instant, elle est enceinte, je pense qu’elle attendra encore un peu…)
Puis je la vois pour demander une dérogation à la mairie pour que son fils aille dans une école plus pratique pour elle. Je comprends alors qu’elle est divorcée.
Elle me raconte ses déboires avec son ex-mari : il ne voulait pas payer la pension, se montrait violent, envahissant, inquisiteur même.
Tout semble s’être arrangé : il n’est pas devenu très compréhensif, mais… il a été remis à sa place par le conseil des sages de leur communauté (elle est d’origine africaine).
Elle me raconte que leur influence est énorme, même ici, à l’étranger. Le village est reconstitué au milieu des HLM.
Si cela est parfois bénéfique, comme dans son litige avec le père de son enfant, c’est aussi un poids, voire un boulet dans la vie quotidienne. Elle ne se sent pas libre de faire ce qu’elle veut, sait qu’elle est toujours observée, épiée, et qu’elle sera en butte aux reproches si un de ses actes déplaît. D’autant plus qu’elle est une femme !