M. K. vient de recevoir un courrier du ministère de l’Immigration, de l'Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire à la suite de sa demande de naturalisation. Elle est refusée car il n’a pas montré qu’il avait « fixé de manière stable le centre de ses intérêts matériels et de ses attaches familiales ». En effet, son épouse et ses deux enfants sont encore au pays.
En tant que réfugié, sa demande de regroupement familial a été acceptée assez facilement. Il a ensuite déposé une demande de visa au consulat de France à Dakar mais « ça traîne depuis deux ans ».
Comme proposé au verso du courrier, il souhaite déposer un recours contre cette décision car il est en attente de la réponse du consulat et ne veut pas laisser passer le délai de deux mois (plus d’un mois s’est déjà écoulé !).
Au premier chef, je pense que, comme je l’ai souvent constaté, l’administration consulaire tergiverse pour accorder l’autorisation d’entrée en France. Par le passé, j’avais accompagné une dame, réfugiée elle aussi mais d’un autre pays, dans ses formalités pour que ses enfants la rejoignent ; il avait même fallu faire intervenir le délégué du médiateur de la République.
Avant de proposer à M. K. de relancer la requête auprès du consul, je lui demande de m’expliquer où en sont les démarches. C’est ainsi que j’apprends que sa femme a été convoquée plusieurs fois mais ne s’est pas rendue aux rendez-vous, qu’elle a, de plus, toujours une bonne excuse pour ne pas aller aux nouvelles.
« Mais, elle a vraiment envie de venir en France, votre femme ?
- Ben non, elle est très attachée au pays, aussi à ma mère qui vit avec elle…
- Donc elle ne fait aucun effort pour répondre au consulat ?
- Heu… non. »
Je lui explique les termes du courrier du ministère, les raisons invoquées et lui affirme qu’un recours, sans élément nouveau, ne servirait à rien. En revanche, je lui indique que dans un couple marié, quand l’un demande la nationalité française mais pas l’autre, ce dernier doit écrire pourquoi il ne le fait pas. Tenant compte de ce point, je lui propose de préparer un courrier pour son épouse expliquant son choix de rester dans son pays. Elle le signera et le lui enverra avec une copie de sa pièce d’identité (pour prouver que c’est bien elle qui s’exprime). À ce moment-là, il reviendra me voir et nous préparerons une demande de révision à adresser au ministère.
Ce compromis lui semble correct : au moins, sa femme sera obligée de se prononcer clairement sur ses intentions. J’attends donc sa visite une fois qu’il aura la lettre de « désistement » de madame.
Il revient quelques semaines plus tard : sa femme ne s’est toujours pas décidée…