J’ai le cœur serré en voyant Mme S. dans la salle d’attente. Comme elle est maigre ! Et quelles difficultés pour se lever !
Heureusement que l’ascenseur est réparé !
Elle n’est pas obligée de gravir dix-huit marches, cette fois, mais le bureau ne s’est pas rapproché ! Chargée de ses deux énormes sacs, elle a du mal à avancer. Ma consœur Sophie, dernièrement, quand l’ascenseur ne fonctionnait pas, a eu pitié d’elle et lui a porté son fardeau. Avec mes maux de dos, je ne m’y risquerai pas.
Mme S. chemine péniblement, se tient aux murs dès qu’elle le peut, car son équilibre est précaire. Je ralentis, ralentis mon pas… et nous finissons par arriver.
Cette fois, elle écrit à son fils, jeune adulte qui vient de quitter le nid familial. Elle lui a prêté de l’argent et s’est portée caution pour un crédit dont les mensualités sont prélevées sur son compte. Mais, même maintenant qu’il a des revenus, il ne pense pas à la rembourser ni à la débarrasser de cette charge.
La pauvre ! Elle se fait mener par le bout du nez par ce jeune homme et elle n’a pas la force de se rebiffer. Elle espère que ce courrier va le faire réagir.
Et nous repartons, cahin-caha.
En souriant, je me permets de lui faire remarquer la taille de ses sacs : je suis sûre qu’ils sont aussi lourds qu’elle. Je lui suggère de prendre un chariot à roulettes pour transporter tout ça.
Et je lui demande si elle ne marcherait pas plus facilement avec une canne. Eh bien non ! Elle m’affirme qu’elle a essayé, mais qu’elle s’est emberlificotée avec et elle est tombée.
Espérons que notre réclamation pour retrouver un bureau plus accessible sera bientôt entendue, ou que Mme S. n’aura pas trop souvent besoin de l’écrivain public !