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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 17:30

musculation.jpg« Allô, Monsieur M. ? Ici Christine Atger, l’écrivain public de l’immeuble. Je suis désolée de vous déranger, mais j’ai dans mon bureau, Monsieur T. de l’immeuble d’à côté. Il est tombé et ne peut pas se relever, et je n’ai pas la force de le faire. Ça vous ennuierait de monter pour l’aider ? »

Ouf, le gardien ne m’a pas envoyée balader ; il n’est pas dans la résidence, mais m’a promis de venir dans une quinzaine de minutes. Je vais ouvrir la porte d’entrée. En attendant…

« Vous n’avez pas froid, monsieur ? Vous ne sentez pas de courants d’air venant de la porte ?
- Non, ça va.
- Vous voulez un coussin pour appuyer votre tête ?
- Je veux bien. »

Et me voici, assise par terre au niveau de son visage, à faire la conversation à Monsieur T. allongé aux pieds de mon bureau.

C’est un nouveau client, un voisin. Il se déplace en fauteuil, mais est monté avec seulement l’aide d’une béquille. Je le vois pour la deuxième fois. Il est toujours en avance : la première fois, je l’ai croisé avec son fauteuil devant l’ascenseur un quart d’heure avant le rendez-vous ; aujourd’hui, j’étais juste à l’heure et il m’attendait appuyé dans l’encoignure de ma porte.

Tout à l’heure, au moment de partir, il a eu du mal à se lever de la chaise. Il a pris appui à plusieurs endroits, j’ai essayé de l’aider tant bien que mal. Il a fini par se mettre debout, mais au moment où j’allais lui tendre sa canne, je l’ai vu basculer de l’autre côté. Le retenant par la manche de son blouson, j’ai tenté de le redresser, mais il était trop lourd ; je l’ai alors laissé doucement glisser à terre.

« Ça va, monsieur, vous ne vous êtes pas fait mal ?
- Non, non.
- Vous pouvez vous relever tout seul ?
- Oh non ! Il faut appeler quelqu’un. »

Les voisins absents, je ne vois qu’une solution : appeler le gardien.
« Ce ne sera pas la première fois qu’il me relèvera ! »
Bon, je n’ai pas trop mal réagi…

Pendant notre causette, Monsieur T. m’apprend que quand ça lui arrive alors qu’il est seul, il ne peut qu’appeler les pompiers – il garde toujours son portable dans sa poche. Sur sa porte, il a affiché le nom des voisins où on peut trouver ses clés. Il me dit aussi qu’il a maintenant une aide ménagère très costaud qui arrive à le relever… quand elle est là, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Assez rapidement, j’entends des voix sur le palier et je vois entrer la gardienne accompagnée d’un grand homme baraqué. Son mari l’a prévenue et elle a trouvé de l’aide en chemin. Elle connaît la technique : elle bloque les pieds de Monsieur T. avec les siens pendant que l’homme l’attrape par les épaules et le redresse. Et hop ! Monsieur T. est debout. Il récupère ses esprits et sa béquille et peut redescendre en compagnie de la gardienne.

« La prochaine fois, monsieur, il vaudrait peut-être mieux que vous montiez avec votre fauteuil. »
Monsieur T. acquiesce, mais la gardienne dément : le fauteuil ne passe pas dans l’ascenseur, Monsieur T. est obligé de le laisser dans un local à l’entrée de l’immeuble et de monter chez lui sur ses jambes. C’est étonnant qu’il n’ait pas osé me contredire…
Voilà un immeuble bien mal équipé !

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 17:05

cimetièreMa consœur, Sophie Strnadel, et moi nous partageons les permanences d’écrivain public dans la même ville. Ainsi, même si nous intervenons chacune sur un secteur bien précis, il nous arrive de voir les mêmes usagers. Nous pouvons échanger sur certains olibrius pas toujours sympathiques et prenons des paris pour savoir qui il va préférer de nous deux pour que l’une au moins en soit débarrassée.

Ce fut le cas de M. O. dont j’ai déjà parlé dans un billet qu’on peut relire ici. On peut percevoir qu’il s’agit d’un personnage pas très agréable, voire franchement détestable… un sale type, quoi !

D’ailleurs, après avoir refusé net de lui écrire une lettre d’insultes, j’avais appris qu’il était allé trouver Sophie en jouant l’incompris, le mal-aimé, comme il en avait coutume. Sophie l’avait reconnu d’après mes descriptions et ne s’était pas laissée prendre à ses jérémiades.

Puis, personne ne l’avait revu pendant de longues semaines, alors qu’il venait presque à chaque permanence.

Faisant preuve d’un humour quelque peu noir, pas toujours du goût de tout le monde, mais qui me permet d’exorciser certaines craintes existentielles, j’ai l’habitude de suggérer, quand je n’ai pas vu une personne depuis un certain temps, qu’elle est peut-être morte. Je m’empressai donc d’affirmer cela pour M. O.

Lundi, au coin du photocopieur, l’agent d’accueil du centre social m’apostrophe : « Tu sais que M. O. est mort ? »

Ben non…
« Mince, c’est moi qui l’ai fait mourir à toujours clamer qu’il l’était ! »

Le décès de quelqu’un, c’est triste… Mais je ne peux pas me résoudre à le pleurer, ni même à seulement m’apitoyer. Je ne suis pas sûre qu’il me manque !

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 18:48

Durant l’été, j’ai eu plusieurs commandes de discours de mariage – c’est toujours un grand plaisir pour moi – dont deux successives sous la forme de chanson : il s’agit de prendre un air connu et d’écrire de nouvelles paroles en rapport avec les mariés.

 

La première personne n’avait pas d’idée de chanson. Étant moi-même chanteuse amateur, j’ai un énorme stock de titres. J’ai donc émis quelques suggestions et ma cliente – la mère du marié – étant fan de Joe Dassin, choisit les fameux Champs-Élysées.

 

J’entreprends donc de raconter la rencontre de son fils et sa future belle-fille en suivant la structure et surtout l’air.

 

Arrivée presque à la fin du travail, je commence à être saturée de cette mélodie très tenace. Je m’endors avec, l’entends dans mes rêves et me réveille en la chantant, et ça continue toute la journée.rengaine.jpg

 

Sur ces entrefaites, je reçois une nouvelle demande du même genre du père d’une jeune fille, cette fois. Lui a bien une idée, la chanson de Robert Lamoureux : Papa, maman, la bonne et moi. Bon, me dis-je, je ne la connais pas bien mais c’est original de nos jours.

Ah mais, non, continue-t-il, il a changé d’avis car ça ne plaisait pas à sa femme. Il a plutôt choisi… Les Champs-Élysées.

Éclat de rire de ma part. Je lui explique que ça ne me changera pas et il me suggère de faire du copier-coller.

Ah non, monsieur, je fais du sur-mesure !

 

Et me voilà repartie à écrire d’autres paroles sur le même air.

J’y suis parvenue, bien sûr, et les deux clients ont été satisfaits.

Mais pendant plusieurs semaines, je n’ai eu que cette rengaine en tête. Dès que je revoyais le nom d’un de ces clients, je me remémorais tous les couplets et les fredonnais sans fin…

D’ailleurs, ça me reprend !

STOOOP !

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 19:42

marche-noel.jpgIl y a quelques années, dans une démarche dynamique de prospection et communication, et partant du principe qu’il faut essayer toutes les idées séduisantes, j’ai imaginé participer au marché de Noël organisé par ma commune en proposant aux enfants d’écrire leur lettre au Père Noël.

 

Toute fiérote de cette idée gé-niale, je contacte le service organisateur par courrier, explique mon métier et ma démarche, précise bien que je le ferai gracieusement, et reçois une réponse positive en début d’été, avec les coordonnées de la personne chargée de la logistique.

 

Je profite des mois précédant la manifestation pour préparer mon intervention : mon ordinateur et mon imprimante portables, des affiches pour présenter l’activité, un book pour montrer l’étendue de mon savoir-faire, des cartes de visite pour moi, des crayons et feutres de couleur, des tampons encreurs sur le thème de Noël, des gommettes… pour que les enfants décorent leur lettre.

 

Je transmets également mes besoins aux services municipaux : une table et quelques chaises situées – j’insiste là-dessus – à l’intérieur, du papier blanc et des enveloppes.

 

La veille, je me rends sur place ; je n’avais rien de particulier à installer et voulais juste repérer les lieux. Déjà, j’ai un mal de chien à trouver le responsable. Puis, quand enfin je le vois, j’apprends que mon stand sera installé à côté de la boîte à lettres – « ce sera mieux pour poster les lettres » – en face du marchand d’huîtres et, surtout, à l’extérieur !

 

« Mais enfin, j’avais bien demandé à être à l’intérieur. Il m’est impossible de faire ça dehors. D’abord mon matériel ne le supportera pas, mais moi non plus. »

Vagues excuses bredouillées, le monsieur ne pouvait pas faire autrement.

 

Je rentre chez moi furieuse. J’y vais ou j’y vais pas ?

Bon, je me suis engagée, j’irai. Mais avec un énorme convecteur électrique pour avoir un semblant de chaleur.

 

Le lendemain, au moment où je veux prendre ma voiture : un pneu crevé !

Le temps de réparer, j’arrive avec près de deux heures de retard, mais je m’en moque, j’ai perdu toute motivation. Mon fils cadet m’accompagne très gentiment pour m’aider à trimballer mon bazar. Nous faisons le tour du marché sans remarquer mon stand.

Une fois le responsable trouvé, j’ai droit à « Vous deviez arriver à 13 h 30 ! » Quel culot !

 « Oui, et je devais aussi avoir un stand dedans ! »

Eh bé, ça continue bien !

Finalement, ce monsieur a « réussi » à me trouver une place dans la grande salle. J’ai transporté mon radiateur pour rien.

 

Je commence à écrire pour les enfants. J’apprécie la présence de mon fils qui me donne des précisions sur les jouets commandés – dont le nom est souvent mal prononcé – car je n’y connais rien de rien.

J’essaie d’intéresser les parents à mon métier, je distribue quelques cartes…

 

Deux après-midi passées dans le bruit et le courant d’air. Une vingtaine de lettres écrites. Heureusement quelques moments mignons ou rigolos avec les enfants.

Mais de clients supplémentaires : aucun à ce jour !

 

Et surtout, une rancœur vis-à-vis des organisateurs : je ne m’attendais pas à me voir dérouler un tapis rouge mais au moins à un peu plus de considération. Aucun mot aimable, aucun remerciement !

Inutile de préciser que je n’ai pas renouvelé l’expérience.

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 13:08

L’écrivain public réalise des écrits sur mesure, notamment des courriers. C’est sa valeur ajoutée, par rapport aux innombrables ouvrages ou sites proposant des courriers types.

 

De plus, cette spécificité est un avantage du métier qui permet de ne pas s’ennuyer. Même si j’écris fréquemment le même type de lettre, pour demander des délais de paiement ou résilier un contrat, je remets à chaque fois mon ouvrage sur l’établi et refais une nouvelle lettre. Je n’ai pas de modèle préétabli, même si les tournures que j’utilise reviennent régulièrement.

 

Pourtant, malgré mon souci constant d’originalité et de renouvellement, il m’arrive de trouver que j’en manque ! Par exemple, quand je rédige pour la énième fois de l’année une demande de carte de résident qui va aboutir au même bureau du séjour des étrangers de la même préfecture.

Même s’il s’agit à chaque fois d’un cas différent, je ne peux m’empêcher de craindre que les lecteurs de ces courriers ne repèrent mon style et des tournures récurrentes, pour introduire la requête par exemple. Mon souci est exacerbé quand ce cas revient plusieurs fois dans la même journée.

 

Ce n’est encore pas trop grave pour une demande de ce type, mais que penser des lettres de motivation ? Aujourd’hui encore, j’ai dû en écrire pour le même destinataire, le même poste, pour deux personnes qui présentaient à peu près le même profil.

 

Le pire fut quand deux amies se sont présentées ensemble pour me demander la même chose : elles postulaient à la mairie et avaient les mêmes motivations. Là, il m’a fallu redoubler d’originalité parce qu’en plus, elles m’ont chacune entendue lire la lettre à l’autre.

 

trop forteTrop forte, l’écrivain public !

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 21:11

zenMme P. est une grande et belle dame, avec une très légère pointe d’accent étranger. Elle est sophrologue et veut annoncer l’ouverture de son cabinet par un communiqué de presse qu’elle me demande de rédiger.


Je la reçois au cabinet fin novembre. Elle m’explique cette discipline de façon très pédagogique, diaporama sous PowerPoint à l’appui. Je prends des notes et nous convenons d’une date pour lui soumettre un projet de communiqué.

Au jour dit, je lui envoie le document par courrier électronique avec un petit mot d’accompagnement lui demandant son avis.

 

Une semaine passe, rien… une autre semaine, toujours rien… Je saisis mon téléphone et l’appelle : oui, elle a bien reçu mon message mais n’a pas encore eu le temps de regarder ce que j’avais écrit. Hypocritement, je m’exclame que je suis rassurée de savoir que le courriel ne s’est pas égaré.

 

Le temps passe, toujours aucune réaction de Mme P. Avec ma tendance naturelle à la paranoïa, je commence à imaginer le pire : elle a profité de moi, elle va faire la morte, je me suis fait avoir, et patabli et patabla… Je me console en songeant que je n’avais pas passé beaucoup de temps à faire ce travail.

 

La fin de l’année approche et je veux terminer ma facturation. Mais qu’est-ce que je fais pour le cas P. ?


Me remémorant une histoire racontée par ma « grande sœur », écrivain public installée depuis… une éternité, au moins, je décide de chasser ma méfiance instinctive. J’appelle une autre fois Mme P. et laisse un message : « N’ayant pas de nouvelles de votre part concernant le projet de communiqué de presse que je vous ai envoyé le …, je considère que vous en êtes satisfaite. Je vais donc vous envoyer ma facture. » J’écris un courriel reprenant l’historique plus détaillé, avec la facture en format PDF, que je poste également. Et je croise les doigts.

 

Quelques jours plus tard, je peux les décroiser : au courrier, un chèque de règlement, avec un petit mot de remerciement.

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 12:43

promotion.jpgM. O. ! Je reconnais sa voix dans la salle d’attente et elle me crispe déjà. Vieux monsieur atrabilaire, il se plaint de tout et tout le monde est contre lui : « ils veulent pas » lui accorder ceci ou cela. Je me suis déjà fâchée plusieurs fois quand il n’acceptait pas d’entendre des arguments de bon sens – et je ne suis pas la seule puisque la jeune femme du centre social qui le suivait avant mon arrivée m’a avoué qu’elle l’avait aussi souvent secoué.

 

Mais, il revient toujours. Depuis quelque temps, je trouve pourtant qu’il s’est radouci. D’une part, il est malade et fait de nombreux séjours à l’hôpital ; d’autre part, son fils cadet, domicilié chez lui, est en prison et il en ressent une grande tristesse. Il aimerait lui rendre visite plus souvent, mais le trajet le fatigue car le centre de détention se trouve de l’autre côté de la région.

 

Aujourd’hui, il arrive avec un formulaire de demande de naturalisation. Son avocat lui a affirmé que c’était la seule solution pour lui d’obtenir gain de cause dans un nébuleux différend avec une administration. Il y a huit ans, il avait déposé une demande qui avait été rejetée – je n’ai pas encore compris pourquoi –, ce qui avait entraîné un recours judiciaire.

 

Il m’apporte la copie du formulaire qu’il avait déposé : je constate que tout est clair, malgré quelques petites erreurs, bien écrit en majuscules. Je lui demande qui a rempli ce dossier.

« C’est l’écrivain public de la mairie. Avant, y en avait un.

- Ah bon, je ne sais pas.

- Si, c’était un jeune. Mais il est parti, il est monté en grade. »

 

Il est monté en grade ! Je retourne cette phrase dans ma tête tout en écrivant, puis finis par éclater de rire.

« Vous vous moquez de moi ?

- Non monsieur, je ris de ce que vous m’avez dit, qu’il est monté en grade.

- Oui, c’est vrai. C’est sa mère qui me l’a dit, il fait autre chose maintenant. »

 

Monté en grade ! Je suis si fière de ce métier, de son utilité, de mon savoir-faire, de mon statut indépendant… Dire que certains estiment monter en grade quand ils ne l’exercent plus !

Je trouve que c’est, hélas, très significatif de l’image terne et floue de cette profession. Et cela montre tout le travail qu’il reste à accomplir aux associations professionnelles et au syndicat dont je fais partie.

 

Alors, chers confrères qui subissez ce genre de petites vexations, rejoignez les organisations existantes, pour que l’image de notre métier, quand elle existe, commence à changer.

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 14:11

cadeaux.jpgCette période de fêtes et de distribution de cadeaux est l’occasion de parler de ceux que j’ai reçus dans l’exercice de mon métier d’écrivain public.

 

Dans le cadre des permanences que je tiens dans les mairies, j’établis une facture mensuelle et je suis payée par ces collectivités ou par le CCAS. En aucun cas, les personnes que je reçois ne me donnent d’argent, et c’est bien stipulé dans mon contrat.

 

Elles me demandent souvent comment elles pourraient me remercier : « En me disant merci, tout simplement… » Et j’explique que je fais seulement mon travail et que je suis payée par la mairie…

 

Pourtant, parfois, certaines ne sont pas satisfaites. Elles sont d’accord pour ne pas payer – de toute manière, elles n’en auraient pas les moyens – mais me dire seulement merci ne leur suffit pas pour m’exprimer leur gratitude et me signifier combien je leur ai été utile.


Ainsi, il arrive qu’elles m’apportent de petits présents : depuis plus de cinq ans, j’ai reçu de nombreux cadeaux que j’ai plus ou moins appréciés – je dois dire que je n’aime pas beaucoup les bibelots – mais qui m’ont toujours beaucoup touchée. En voici une liste non exhaustive… où il manque encore un raton laveur (misère ! qu’est-ce j’en ferais ?).

 

  • Des tablettes de chocolat : déposées subrepticement sur le bureau à la fin des entretiens par un monsieur tout sourire, après m’avoir fait un baisemain cérémonieux, qui est ensuite parti en courant, de peur que je les lui rende.
  • Une rose des sables : elle est posée sur un meuble dans mon séjour.
  • Un tableau représentant un paysage du désert : je l’ai « oublié » dans un des nombreux bureaux que j’ai occupés.
  • Des dattes : un délice ; le monsieur rentrait tout juste du pays et elles étaient encore bien fraîches (vous connaissez la datte fraîche coupée en morceaux dans un yaourt nature ?).
  • Deux gandouras, la même semaine : j’en ai donné une à ma mère et je porte l’autre de temps en temps.
  • Deux paires de babouches brodées : très jolies mais je ne m’en sers pas de peur de glisser dans mon escalier. Il faudra quand même que je les essaie, c’est chic, comme chaussons…
  • Des pâtisseries traditionnelles fait maison, souvent après les fêtes musulmanes : certaines fines et excellentes qui ont plu à toute la famille, d’autres huileuses et indigestes dont personne n’a voulu.
  • Des chocolats pour Noël et Pâques : parfois des boîtes de supermarché, d’autres fois, des œufs succulents choisis chez un confiseur.
  • Des bonbons : mes enfants n’aiment pas ça ; je les propose à qui les veut bien…
  • Des confitures maison : en grande quantité et pas terribles, je n’ai pas tout mangé.
  • Des pots de sauce pesto : confectionnée par une mamie italienne avec le basilic de son jardin et le pecorino rapporté d’Italie par son fils ; un festin de pâtes le soir !
  • Une bouteille de « très bon vin d’Algérie » : bien que ne buvant pas d’alcool, j’ai chaleureusement remercié le monsieur ; quand j’ai ouvert le paquet, en sentant l’odeur de vinasse et en voyant mes doigts poisseux du liquide qui avait coulé, j’ai compris que personne ne le boirait.
  • Des napperons en dentelle : je les ai aussi donnés à ma mère qui adore ça.
  • Une sorte de gant de toilette en fibres végétales prélevées dans le jardin du monsieur au pays et bordées d’un biais par sa fille ; je ne sais pas ce que c’est, il ne connaissait que le mot en arabe que je n’ai pas retenu ; je suppose que ça s’utilise sous la douche comme gant de crin…
  • Un petit plateau en cuivre : je ne sais plus ce que j’en ai fait… chez ma mère ?
  • Des invitations à manger le couscous à la maison ou à séjourner dans la maison de famille en bord de mer au pays, sans suite bien sûr…
  • De très nombreuses bénédictions, y compris sur ma famille.
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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 14:03

Moment de calme pendant ma permanence, j’en profite pour continuer la lecture du roman passionnant que j’ai commencé la veille. Ma porte est grande ouverte pour pouvoir guetter la salle d’attente et les nouveaux arrivants ; j’entends donc ce qui se passe dans les bureaux de la mairie plus loin.

 

11 h 15, Marlyse répond à un appel et je devine qu’il me concerne : 

« Oui, elle est là… Vous voulez la voir ? On ferme à 11 h 45… Vous voulez que je vous la passe ?... Vous voulez la voir ou lui parler ?... Écoutez madame, je suis occupée, j’ai une personne devant moi… Bon, je vous la passe. »

Eh ben, c’est laborieux !

 

Mon appareil sonne :

« Allô !

- Je voulais savoir pour qui vous vous prenez au centre administratif, à vous moquer des gens comme ça…

- Mais…

- Vous ne méritez pas votre poste. A la préfecture on dit que…

- Mais vous êtes qui, madame ?

- C’est personnel !

- Si je ne sais pas à qui je parle, je ne vous parle pas ! Au revoir madame. »

 

telephone-colere.jpgMais qu’est-ce que c’est que ça ?

Le téléphone resonne immédiatement, ce doit être cette personne encore. Je cours voir Marlyse et lui explique en deux mots. Elle saisit tout de suite :

« C’est une folle ! J’ai eu du mal avec elle tout à l’heure. Je réponds pas ! »

La sonnerie finit par cesser.

 

J’en reparle avec Marlyse : d’après elle, on est entouré de cinglés, c’est de pire en pire !

 

Zut, ça secoue un truc pareil ! Je retourne dans mon bureau, m’assois et respire profondément. Peu à peu, mon cœur se calme et tout se dénoue en moi…

Je reprends mon livre.

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 13:28

Passer à la télé une fois par an ! Quelle extravagance !

 

Après France 2 l’année dernière, cette fois, c’est sur Télessonne qui, comme son nom l’indique, est la chaîne locale du département de l’Essonne. Certes, ce n’est pas le même prestige que la télé nationale, mais cela représente quand même « 400 000 téléspectateurs potentiels » (ou 200 000, les avis divergent !) Autant de clients ? J’en doute et ce n’est pas le but que je cherche à atteindre. Plus raisonnablement, je me dis que plus on (les médias par exemple) parlera de notre profession, plus elle gagnera en visibilité et plus les clients se rendront compte de leur besoin vital de nos services. Courage, y’a du boulot !

 

Or donc, en ce beau mercredi, je retrouve dans les locaux de Télessonne mes consœurs Michèle Geoffroy et Sylvie Labansat. C’est à Sylvie que nous devons cet honneur : elle a été contactée par la chaîne après un article paru dans Le Parisien et a voulu, en nous invitant, élargir la vision du métier. Elle-même est biographe et Michèle s’est spécialisée dans l’accompagnement aux funérailles

 

La journaliste, Sandrine Frentz, est sympathique et chaleureuse. Elle a réussi à me convaincre de participer, malgré ma hantise du rouge aux joues et du nez qui brille, du bafouillage et du mot sur le bout de la langue. En visionnant quelques archives de son émission Attitude 91 – Mieux vivre, j’ai constaté qu’elle était ouverte et honnête : pas de questions pièges, du temps pour s’exprimer et de l’écoute.

 

Nous voici toutes les trois sur le plateau, perchées sur des tabourets… de plateau, laissant le technicien nous installer l’indispensable micro. Essais de caméras : tiens, c’est Michèle, elle est télégénique !

Pendant ce temps, Sandrine bavarde avec nous de choses et d’autres. J’écoute à peine, me concentrant sur mon cœur qui tend à s’emballer. Je me penche vers Michèle :

« T’as le trac ?

- Pas trop. Et toi ?

- Un peu… »

Respire ma fille !

Une voix retentit :

« Sandrine ? On commence dans trois minutes, jusqu’à trente. »

Générique de début, je ne bouge plus.

Et ça commence.

 

Présentation : « Bonsoir… » (Il est 14 h 20.) Mon cœur bat plus fort – respire !

Puis questions et réponses s’enchaînent. Sylvie, très à l’aise, aligne ses phrases de façon claire et structurée. Ah, Sandrine me parle ! Et je m’aperçois que je ne réponds pas trop mal non plus. Je n’ai pas osé sortir l’antisèche que j’avais préparée ; n’ayant pas de poche, je me suis assise dessus et elle ne me sert pas à grand-chose.

À son tour, Michèle présente sa spécialité : très bien aussi.

 

L’émission se poursuit, conversation entre personnes de bonne compagnie. Soudain, un bruit de fond parasite se fait entendre tandis que Sylvie parle. Elle reste imperturbable. Nous comprendrons par la suite que ce n’était pas prévu et verrons qu’il y a eu superposition d’un ancien reportage sur un écrivain public inconnu de nous trois.

À un moment, j’ai quelque chose de très intéressant (sûrement !) à ajouter, mais selon la pendule, il ne reste qu’une minute et demie et Sandrine est en train de conclure : trop tard !

 

Générique de fin et noir sur le plateau. Oups ! Je vais pour sauter de mon siège quand je remarque à temps que mes compagnes ne bougent pas car les caméras tournent toujours.

Lumière. « C’est dans la boîte ! » Nous pouvons bouger et nous quittons les lieux après avoir échangé quelques impressions avec Sandrine.

 

Autour d’un café, ensuite, nous convenons que c’était une expérience intéressante. Nous sommes satisfaites, même si nous ressentons une toute petite frustration de ne pas avoir eu plus de temps pour mieux développer le sujet. Au moins, « on » a parlé de nous !

Alors… à l’année prochaine ?

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Présentation

  • : Le blog de Christine Atger, écrivain public, écrivain conseil
  • : Anecdotes, réflexions et états d'âme d'un écrivain public...
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Chers confrères, je vous salue et vous souhaite la bienvenue sur mon blog.

Je suis écrivain public et écrivain conseil.


journal.jpg

 

J'ai toujours adoré écouter les anecdotes de mes pairs, surtout les plus anciens.


Commençant à avoir un peu de bouteille, j’aurais aussi des choses à raconter... mais je n'ai pas le talent oratoire pour me lancer à brûle-pourpoint au cours d’un repas ou entre deux réunions.


Comme je sais à peu près écrire, j’ai eu envie de créer ce blog (journal, mon cher journal…) pour vous les faire découvrir…

 

En plus, je dois avouer qu'écrire ces péripéties m'évite de les oublier !

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