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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 13:54
Ah non ! On laissera pas faire...

Mme G. est accompagnée de sa cousine. À toutes les deux, elles me racontent une histoire invraisemblable pour notre époque.

Il y a quelques années, une autre cousine était venue chez elle avec une femme qu’elle ne connaissait pas auparavant et qui venait d’accoucher. Elle était avec son nouveau-né de deux semaines. Sans plus de formalités, la mère est partie en lui laissant le petit et n’est pas revenue.

Mme G., inquiète de l’état du bébé, le conduit tout de suite chez le médecin et le fait soigner. Elle ne se pose pas plus de questions et s’organise pour vivre avec un nourrisson. Le père lui a confié sa carte Vitale pour qu’elle puisse le faire soigner sans problème.

L’enfant voit de temps en temps sa mère, qui s’en soucie peu, préférant vraisemblablement son fils aîné.

Puis, vers l’âge de trois ou quatre ans, l’enfant est « repris » par ses parents. Mme G. le voit le week-end et pendant les vacances ; c’est un arrangement à l’amiable entre eux.

Vers l’âge de huit ans, le garçonnet appelle Mme G., lui apprend qu’il est maltraité par son frère aîné. Ni une ni deux, Mme G. et sa cousine vont le chercher et le ramènent chez elle, sans opposition des parents. Le jeune garçon reprend sa vie chez Mme G. jusqu’à il y a deux jours.

Le lundi précédent, la mère est allée chercher l’enfant bien avant la fin de la journée de classe, sous un prétexte quelconque, et l’a ramené chez elle. Depuis, Mme G. n’a plus de nouvelles et est très inquiète : l’enfant lui a affirmé qu’il se jettera par la fenêtre s’il retourne chez ses parents.

Elle me demande d’écrire au juge des enfants pour récupérer le garçon.

Je suis effarée ! Personne, depuis tout ce temps, ne s’est aperçu que cette situation était très bancale. Elle-même n’a jamais envisagé qu’il n’était pas normal de s’occuper d’un enfant qui n’était pas le sien.

Je remets les choses au point : malgré leur attachement et leur affection pour l’enfant, Mme G. et sa cousine n’ont aucun droit sur lui. Elles ne peuvent donc rien revendiquer.

Elles sont scandalisées : « Ah non, on va pas le laisser. On sait pas comment il va être traité, on a peur pour lui. »

Dans ce cas, il faut alerter le juge de leur inquiétude, et ça, elles en ont le droit et même le devoir.

C’est le sens de la lettre que j’écris pour elles.

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 13:49
On m'a volé !

Depuis janvier 2014, la pension de retraite complémentaire, qui était traditionnellement versée chaque trimestre, est maintenant mensuelle.

L’information a été diffusée et claironnée à tous les bénéficiaires et ils l’ont bien retenue.

Sauf que…

Plusieurs retraités sont venus me voir, très en colère : la caisse de retraite leur avait volé leur quatrième trimestre de 2013 !

Oui, ils savent que c’est maintenant payé chaque mois. Mais d’habitude, ils ont tant et, en janvier, ils n’ont eu que tant (soit la somme divisée par trois).

J’ai beau expliquer, réexpliquer, faire des schémas, des divisions… Rien à faire, ils ne comprennent pas que le quatrième trimestre a été payé en octobre 2013 et que ce qu’ils perçoivent en janvier, c’est un tiers de ce qu’ils auraient dû avoir et que le reste sera payé en février, puis en mars.

De guerre lasse, je conclus : « Vous croyez ce que vous voulez, moi, je vous assure que tout a été fait comme ça devait l’être ! »

Et basta !

Ce qui me console un peu, c’est que je ne suis pas la seule à être aussi peu douée pour les explications. J’ai entendu J., l’agent d’accueil, s’énerver aussi pour la même raison.

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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 18:52
Le compte est bon

Mme D.C. a reçu son avis d’imposition sur la taxe d’habitation ; c’est la panique, car on lui réclame une forte somme.

Elle m’explique que c’est parce que le père de ses enfants a oublié d’en déclarer un sur les trois. Il faut donc rectifier.

Ce n’est pas très clair pour moi. J’examine l’avis d’imposition tout en posant des questions…

Dans la liste des personnes présentes, il y a elle, bien sûr, et un homme. S’agit-il du père ?

Non, c’est son frère qu’elle héberge.

Ben, et le père alors ? Où apparaît-il ?

Mystère !

Le nombre de parts montre que ce n’est pas un enfant qui a été oublié, mais les trois.

Et tout en discutant, j’apprends que le troisième enfant, l’oublié, n’est pas le fils du père en question. C’est donc normal qu’il ne l’ait pas déclaré (à qui et pour quoi a-t-il déclaré les deux autres ? Encore un mystère !)

J’essaie d’expliquer toutes les anomalies constatées à Mme D.C., puis j’écris le courrier récapitulant sa situation : trois enfants à charge, vie commune avec un compagnon, hébergement du frère, en demandant que son dossier soit mis à jour et sa taxe recalculée en conséquence.

Parfois, je me prends pour un détective très futé !

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 14:04
Pour les miracles...

... c'est le bureau à côté !

Les gens ont tellement l’habitude que je les aide à démêler et régler leurs problèmes qu’ils me vouent une confiance aveugle et me croient capable de tout.

Ben non !


Par exemple…

M. S.H., accompagné de sa fille, une habituée. Il veut écrire à la sécurité sociale pour demander à être pris en charge à 100 %. Son médecin refuse.

Je dis et redis que ça ne servira à rien, que c’est le médecin qui décide.

Sa fille insiste pour que je fasse quand même un courrier puis, devant mon air excédé, le père grommelle que non, ce n’est pas la peine.

Ils partent déçus.

Mme T. Elle est aide-soignante à l’hôpital. Elle a réussi le concours d’entrée à l’IFSI pour suivre des études d’infirmière. Mais l’hôpital refuse de payer la formation. Que peut-elle faire ?

Je ne sais pas.

Grosse déception également.

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 21:16
C'est l'histoire...

C’est l’histoire d’un usager qui n’habite pas la commune où l’écrivain public tient sa permanence et n’a donc pas droit à ce service.

C’est l’histoire du même usager qui ne comprend rien – ou ne veut rien comprendre – à ce que l’écrivain public lui explique.

C’est l’histoire de l’usager qui, à toutes les questions qu’on lui pose, répond « moi malade ! ».

C’est la même histoire, mais du point de vue de l’écrivain public qui ne sait plus comment dire et redire à cet usager qu’il n’a rien à faire là.

C’est encore la même histoire où l’écrivain public, de guerre lasse, remplit le dossier de déclaration de handicap pour se débarrasser de cet usager, et qui est très agacée d’entendre une énième fois « moi malade ! » quand elle réclame un justificatif de domicile ou la carte Vitale !

À la fin de l’histoire, l’écrivain public arrive tout de même à faire comprendre à l’usager que ce n’est plus la peine de revenir, même d’aussi loin, qu’elle ne le recevra plus, car il n'habite pas la ville.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 19:25
Je dessine, aussi...

« Je veux faire un recours à la CAF pour un prêt qu’elle a refusé. »

Mme A. est assistante maternelle. En tant que telle, elle a demandé à la CAF un prêt à l’amélioration de l’habitat. Son idée est d’agrandir sa petite maison pour avoir une pièce supplémentaire pour mieux accueillir les enfants.

La raison du refus : ce qu’elle a expliqué dans son premier courrier ne correspond pas au devis.

Elle me demande de rédiger le courrier explicatif.

D’accord, mais il faut d’abord que je comprenne la nature des travaux. Elle me parle d’une chambre en sous-sol, sous la cuisine, et je ne peux imaginer qu’elle envisage de loger des enfants dans une cave ! En bref : je ne comprends rien.

Bien sûr, elle n’a pas apporté le plan établi par l’architecte qu’elle a tout de même consulté.

Alors, je joue à l’apprenti architecte, me saisis d’un bout de papier et commence à dessiner tout en commentant.

De gribouillis en ratures, de suppositions en confirmations, j’arrive à la conclusion que la maison est construite sur un terrain en pente et que le sous-sol est semi-enterré.

« C’est bien ça, madame ? Dans le sous-sol, vous avez une fenêtre et une porte qui donnent dans le jardin ?

— Oui, c’est ça. »

Eurêka !

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 14:10
Une histoire de mutuelle...

Mais, qu’est-ce qu’il me raconte, M. D. ? Sa mutuelle a perdu les quatre chèques qu’il avait émis pour régler ses cotisations ? 482 €... par mois..., ça me paraît bien cher pour une mutuelle, même s’il a quatre ou cinq enfants à charge. Je ne comprends rien.

D’abord, il m’affirme que, comme il a cotisé à la mutuelle, mais n’a pas eu besoin de remboursements, il a une certaine somme disponible.

Je fais instantanément une leçon de civisme : non, ça ne marche pas comme ça ! Il s’agit de solidarité : tout le monde cotise pour tout le monde et chacun bénéficie de ce dont il a besoin, et seulement ça.

Mais son histoire n’est toujours pas bien claire.

Alors je creuse, je pose des questions, je fais répéter, au risque d’énerver ce monsieur… Et ce que je crois comprendre me paraît tellement aberrant que je refuse de l’admettre. Et pourtant si, je finis par saisir !

« Mais, monsieur, c’est une escroquerie à la mutuelle ! »

M. D. ayant besoin de lunettes, il est allé voir un opticien à Paris (pourquoi faire simple ? un copain le lui avait recommandé). Il a présenté sa carte de mutuelle et l’opticien a constaté qu’il avait une bonne couverture.

Qu’à cela ne tienne, profitons-en !

L’opticien lui propose ni plus ni moins que de facturer au maximum de la possibilité de prise en charge. M. D. lui établit quatre chèques pour la moitié de la facture au total et, quand celui-ci aura été remboursé, l’opticien n’aura plus qu’à les encaisser.

M. D. a accepté, puis, pour je ne sais quelle raison, il est revenu sur sa décision et a voulu récupérer ses chèques, que l’opticien affirme avoir perdus. M. D. fait opposition.

De plus, il a constaté, sur son décompte de sécurité sociale, que tous ses enfants se sont vus affublés de lunettes, alors que pas un n’en porte. Peut-être est-ce ce détail qui l’a fait changer d’avis ?

Il va s’expliquer à la sécurité sociale où l’agent lui conseille de contester ses actes auprès de l’opticien. Il veut que j’écrive le courrier. Je réclame le décompte – il l’a oublié chez lui –, mais, de toute façon, l’agent lui a dit de ne pas entrer dans les détails, qu’un simple courrier avec son numéro de sécurité sociale suffit.

Désolée, monsieur, pour travailler correctement, il me faut tous les éléments, même si je ne m’en sers pas. J’exige alors ce décompte, au risque de l’énerver encore une fois. Il reviendra avec et nous ferons le courrier.

Eh ben, quelle histoire ! C’est scandaleux.

P.-S. À ce jour, il n’est pas revenu !

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 17:41
Un goûter presque parfait

Lundi de permanence pendant les vacances.

Peu de personnes ont besoin de mes services et j’ai le temps de lire mon hebdomadaire favori.

Dans le couloir, une puissante odeur de gâteau au chocolat.

À l’accueil, je me renseigne : c’est une animation « famille » du centre social inspirée de l’émission Un dîner presque parfait. Des dames sont venues, accompagnées de leurs enfants, pour confectionner leur spécialité.

Le directeur adjoint du centre qui m’explique cela me propose de participer au jury, si j’ai un moment. Je souris et acquiesce, puis vais m’occuper d’une dame qui a besoin d’écrire à un huissier.

Pendant que je travaille, on frappe à ma porte :

« Vous êtes occupée ?

— Oui… Ah, j’ai compris ! J’ai bientôt fini… »

Après avoir raccompagné la dame, je vais à l’étage. Une ribambelle d’enfants et quelques mères sont attablés, attendant le verdict du jury, composé du directeur adjoint, de l’homme à tout faire et de moi-même.

Cinq pâtisseries sont en compétition. Les animatrices nous donnent les critères de notation et nous commençons à goûter. Nous prenons notre rôle très au sérieux, réfléchissant, faisant des commentaires, regoûtant s’il le faut, buvant une gorgée d’eau entre chaque gâteau pour conserver des papilles neutres.

Le lauréat est un flan coco, succulent !

Les résultats sont annoncés, les non-gagnantes n’ont pas l’air trop déçu et le goûter peut commencer.

Je n’ai hélas pas de temps pour rester, ni très faim d’ailleurs, et remercie tout le monde avant de regagner mon bureau, toute guillerette.

Quelle bonne idée j’ai eue de travailler pendant les vacances !

C’est aussi ça, être écrivain public…

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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 14:00
Moi aussi je suis triste !

Mme A. vient me consulter de temps en temps. Sa façon de parler donne l’impression qu’elle formule des évidences, c’est toujours étonnant de l’entendre (mais il n’est pas facile de traduire cette impression en mots, c’est évident).

Elle vient d’avoir un bébé et, bien sûr, lui a donné un prénom qui lui plaisait ainsi qu’à son mari.

Mais, le grand-père, en Turquie, leur a fait savoir que ce prénom ne lui convient pas. Et quand il est venu en France, il n’était pas content – et Mme A. fait un geste de la main depuis son menton montrant bien qu’il « faisait la tronche ».

Qui plus est : « Ma fille, elle aime pas le prénom. »

Qu’à cela ne tienne, Mme A. est retournée au service d’état civil où la naissance du petit a été déclarée pour faire modifier son prénom. Pour aller au plus facile, elle voudrait simplement en ajouter un deuxième qui serait utilisé à la place du premier.

Le service d’état civil lui a bien sûr affirmé que c’était IMPOSSIBLE et qu’il fallait demander l’intervention du procureur de la République. Elle me demande donc d’écrire ce courrier en expliquant la situation : le grand-père et la sœur ne sont pas d’accord.

« Et moi aussi, je suis triste ! »

Pendant que j’écris, en me mordant les lèvres pour ne pas rire, elle me redit que « sa fille, elle aime pas. »

C’est plus fort que moi :

« Elle a quel âge, votre fille ?

— Onze ans.

— Et c’est elle qui décide ?

— Oh non ! »

N’empêche que…

Puis, nouvelle justification : elle n’a pas bien réfléchi au prénom.

« En France, ça va trop vite, on a que trois jours pour déclarer le bébé ! »

Là encore, c’est plus fort que moi :

« Vous aviez quand même neuf mois pour y penser ! »

Allez, le courrier est écrit !

Quelque temps plus tard, elle revient pour un autre sujet et me reparle de cette affaire.

« Le procureur a dit qu’il fallait prendre un avocat. Et mon mari a dit que c’était trop cher. »

Donc, si j’ai bien compris, tant pis pour le grand-père ou la sœur ! Le bébé portera toujours ce prénom contesté.

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 13:53
Chez les vieux...

M. B. est dans un état de découragement extrême. Depuis près de deux ans, sa femme l’a quitté et elle a maintenant demandé le divorce. Il doit expliquer à son avocat les circonstances de sa séparation.

Il paraît donc que sa femme, après une opération, n’a pas voulu retourner chez eux, sur les conseils de leur fille unique qui lui aurait « monté le bourrichon ». Selon lui, elle lorgne sur la retraite de sa mère, assez importante, plus élevée que celle de monsieur. L’épouse perd un peu la tête et la fille en profite pour lui faire faire ce qu’elle veut, dont divorcer.

Il dit qu’il a pourtant tout fait pour son enfant, lui passant ses moindres caprices. Selon moi, elle a été très mal élevée, mais possède aussi une nature de garce.

Il affirme à son avocat qu’il est prêt à reprendre la vie commune si sa femme est d’accord.

Il n’a pas pu continuer à payer le loyer de leur maison et occupe maintenant une chambre d’hôtes dans la résidence pour personnes âgées du quartier. Et il me raconte ce qu’il constate tous les jours : les vieux sont maltraités ! Il a même menacé un membre du personnel : « Si jamais tu me traites comme ça, je t’en colle une ! »

Ce n’est pas pour lui remonter le moral…

C’est bien triste, tout ça.

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Présentation

  • : Le blog de Christine Atger, écrivain public, écrivain conseil
  • : Anecdotes, réflexions et états d'âme d'un écrivain public...
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Chers confrères, je vous salue et vous souhaite la bienvenue sur mon blog.

Je suis écrivain public et écrivain conseil.


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J'ai toujours adoré écouter les anecdotes de mes pairs, surtout les plus anciens.


Commençant à avoir un peu de bouteille, j’aurais aussi des choses à raconter... mais je n'ai pas le talent oratoire pour me lancer à brûle-pourpoint au cours d’un repas ou entre deux réunions.


Comme je sais à peu près écrire, j’ai eu envie de créer ce blog (journal, mon cher journal…) pour vous les faire découvrir…

 

En plus, je dois avouer qu'écrire ces péripéties m'évite de les oublier !

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